A quoi sert Frédéric Mitterrand ?...

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Ou comment le CNM devient l’enjeu de cette fin de mandature....... par Emmanuel Torregano

Lors d’un déjeuner à l’Elysée, consacré à la création du Centre National de la Musique, Nicolas Sarkozy s’est permis de désavouer son ministre de la Culture et de la Communication.......

L’histoire ne sera certainement pas tendre avec ce ministre de la Culture. Et elle ne sera pas la seule....... Si la grogne des industries de la culture n’a pas désenflé depuis la nomination du neveu du premier président socialiste, c’est aussi l’actuel locataire de l’Elysée qui n’en rate jamais une pour battre froid le dernier de ses ministres d’ouverture.

Alors, isolé et souvent délaissé, voire supplanté par les conseillers présents à l’Elysée, la question se pose : à quoi sert le ministre de la Culture et de l’Information, dont il est évident pourtant que sa personnalité et ses compétences ne sont pas sujets à caution......

La scène se passe lundi dernier lors du déjeuner qui réunit la filière musicale, en compagnie de Frédéric Mitterrand et du président de la République, Nicolas Sarkozy....... Déjà en pré-campagne, ce dernier reçoit les producteurs pour discuter du Centre National de la Musique. Sont ainsi autour de la table Pascal Nègre, Stéphane Bourdoiseau, Patrick Zelnik, Denis Ladegaillerie, mais aussi Arthur H, Maxime Leforestier ou Bertrand Burgalat.

Coup de billard !!
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Ce déjeuner à l’Elysée est crucial pour la musique. Le CNM est très attendu par la filière car il serait doté d’une belle enveloppe budgétaire de 145 millions d’euros ! Bien mieux que la petite dizaine de millions d’euros prévus par les mécanismes de crédit d’impôt, que la rue de Valois a eu tant de mal à faire entériner par l’Europe........ Et pourtant, le ministre présent paraît vouloir jouer la montre, et pour tout dire, Frédéric Mitterrand semble se prêter à une lutte d’influence qui fait enrager les représentants de la production musicale.

Voici ce décryptage, d’une passe d’armes qui a vu le président contredire sans ménagement son ministre devant la tablée médusée...!!

En fait, Frédéric Mitterrand va répéter dans son intervention lors de ce déjeuner ce qu’il a déjà dit pour la conférence de presse concernant le budget 2012 de la culture. Selon lui, il conviendrait d’attendre le rapport sur les spectacles vivants, commandé à Bernard Murat et Adrien-Hervé Metzger avant de définir le périmètre exact du CNM, ce qui repousserait son installation au début de l’année 2012, au mieux.

Le coup était bien tenté, et pour les observateurs avertis, cette stratégie opportune de billard à trois bandes serait née au sein de la DG CA, la division création du ministère - de quoi faire bondir Olivier Henrard, le conseiller culture de la présidence, qui avait été évincé de la rue de Valois, où il devait prendre en main la DG CA, lors de la prise de pouvoir de Mitterrand.

Véhicule législatif
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Le noeud gordien du pouvoir se serre une fois de plus, étranglant une industrie de la musique, qui voit sa cagnotte s’évanouir dans la brume des règlements de compte passés. D’ailleurs, pour appuyer cette saillie de Frédéric Mitterrand, le 23 septembre précisément, les associations du spectacle vivant ont adressé une lettre à leur ministre dans laquelle ils "s’étonnent" de n’avoir pas été associés aux démarches sur le CNM... Le piège est ouvert, certes, mais un élément imprévu pourrait le rendre inefficace. Et il s’agit du président lui-même !


Alors que son ministre demande que tout cela soit repoussé pour faire place au spectacle vivant, et son nécessaire financement, Nicolas Sarkozy le renvoie dans les cordes affirmant bien au contraire que bien qu’il ne soit pas ministre en charge du dossier, "les deux sujets n’ont rien à voir entre eux"......... Autrement dit, activez les machines, la route est toute tracée, et la décision vient du château !

Le Centre National du Cinéma va donc bien devoir faire de la place aux producteurs de musique, et dépenser son trop perçu dans la filière. Reste à trouver le bon véhicule législatif, et la bonne recette pour sécuriser les recettes du CNM. À ce sujet, une dérivation de la taxe sur les FAI ferait l’affaire.

Laquelle pourrait d’ailleurs vite prendre un tour politique au doux parfum de présidentielle. Le financement du CNM devrait être discuté lors du prochain projet de loi rectificatif, soit en novembre, comme le veut la musique, soit en avril, ce qui ne serait pas pour les arranger.

Mais l’Elysée sait qu’il possède encore un coup d’avance dans cette histoire sur ses rivaux. D’ailleurs, François Hollande a, lors d’un déjeuner ce même lundi, estimé en aparté que le CNM était une bonne idée, qu’il n’y était pas opposé, si cela se faisait en "bonne entente avec le CNC"...... Les enchères sont lancées !